Auxiliatrices en Église

Deux jours pour réfléchir sur notre place dans l’Église telle qu’elle est aujourd’hui : diverse et plurielle, meurtrie, parfois abusive, en recherche de vérité et de synodalité… Les 25 et 26 février, nous étions une bonne cinquantaine d’Auxiliatrices avec quelques Amis pour un temps de formation qui avait 3 objectifs :
  • Avancer sur un chemin de fraternité dans l’Église en accueillant la diversité des sensibilités ecclésiales, d’abord entre nous (il se pourrait que nous ne soyons pas un groupe aussi monolithique que nous le croyons parfois) et dans nos paroisses… avec 2 intervenants : Thérèse, présidente du Dorothy, un café-atelier associatif à Menilmontant (20e), animé par des chrétiens, ouvert à tous et au service de son quartier ; et Louis-Marie Chauvet, théologien, prêtre du diocèse de Pontoise.
  • Pouvoir se parler de cette crise des abus qui n’en finit pas et qui nous touche… en écoutant nos sœurs (nombreuses !) qui sont engagées dans la réflexion de l’Église pour prévenir ces situations, pour donner des repères, pour écouter les victimes…
  • Enfin, dans une Église, qui cherche de nouveaux chemins de Synodalité, quelle place nous sentons-nous appelées à prendre, modestement mais réellement, comme Auxiliatrices pour accompagner les processus de synodalité et de réforme dans nos paroisses et diocèses ? Quels appels pour servir l’Église aujourd’hui ?

Echos de participantes

Samedi

Échanges en petits groupes sur nos capacités à rencontrer et cheminer avec des chrétiens de sensibilités différentes… Pour beaucoup d’entre nous, c’est difficile, parfois source de souffrance. Mais j’ai découvert que la diversité existe déjà entre nous par l’histoire de nos cheminements personnels de Foi.
Vivre la communion, c’est mettre le Christ au centre de nos rencontres.
Le témoignage de Thérèse a été un signe d’Espérance pour moi ; elle nous a montré, avec de l’humour, que dans un projet concret de service, au Dorothy, vivre la communion en étant très différents de sensibilité, c’est possible, en étant vigilant sur l’écoute, le respect, la collégialité.
Une piste ouverte à creuser pour moi : le sacré. Trop, ou pas assez… pourquoi, pour qui, quel sens, le rapport à la beauté…
Jacqueline, Amie des Auxiliatrices

« Qu’ils soient un comme nous sommes un » (Jn 17,11). Ce sont ces mots de la prière de Jésus pour l’unité de ses disciples et de ceux qui croiront en Lui qui m’habitent à la fin de ce week-end.
Dans son intervention, Louis-Marie Chauvet a débuté en rappelant que les chrétiens croient à la Trinité : Dieu est donc différence et relation. L’Église ne peut alors être fidèle à Dieu que si elle est ouverture. Dieu veut réaliser une communion à partir de la diversité.
L’Église est marquée par une grande diversité de sensibilités. Je reconnais qu’aujourd’hui il m’est plus facile de me replier sur les lieux et mouvements qui m’aident à nourrir ma foi. Mais je me sens invitée à reconnaître davantage la présence de l’Esprit là où j’ai du mal à le voir au premier abord, à consentir à trouver du beau dans cette diversité et à me laisser être déplacée par d’autres.
Christine, novice Auxiliatrice

Dimanche

Ce qui m’a le plus touchée dans ce week-end, ce sont les témoignages bouleversants de 5 Auxiliatrices engagées dans les groupes de travail post-Ciase pour proposer des mesures et recommandations à mettre en place pour lutter contre les abus dans l’Église. Au milieu de cette Église démolie, elles essaient de la réparer, de se relever.
Elles nous ont partagé, avec beaucoup de pudeur et d’humilité, leurs difficultés, leurs tâtonnements, leurs émotions, parfois leur découragement face à la gravité des thèmes à aborder et l’ampleur de la tâche, mais aussi leur détermination à avancer à petits pas, leur joie de vivre une vraie collégialité dans des groupes, leur espoir du « plus jamais ça », leur courage de vouloir avancer malgré des blessures de confiance, des doutes, en s’appuyant sur leur charisme : « vivre des passages ensemble ».
Ces paroles graves étaient accueillies dans un grand silence, porteur et soutenant, du corps auxiliatrice présent. Grand moment d’émotion et de communion…
Jacqueline, Amie

Les sœurs impliquées dans les groupes après CIASE de la CORREF et de la CEF, nous ont présenté leur travail et ce que cela leur faisait vivre. Plus je les écoutais, plus les numéros 19 et 20 de nos constitutions résonnaient :
n°19. L’accueil de la libération en Jésus Christ entraîne des transformations et des conversions radicales. Espérant la venue du Règne de Dieu à travers ces étapes douloureuses, nous sommes appelées à rejoindre les personnes et les groupes qui passent par des situations d’épreuve et de croissance.
n°20. Conscientes que les enchaînements les plus graves sont la conséquence du péché qui nous ferme à l’amour, nous nous unissons à tous ceux qui vivent la rencontre de Dieu comme une purification. Notre communion avec eux nous fait approcher la sainteté de Dieu dans la vérité et dans l’espérance.
Nous sommes à notre place comme Auxiliatrices au cœur de cette crise de l’Église qui nous bouscule tant. Regardant en face les situations, accompagnant dans l’espérance ceux qui essaient de traverser ces montagnes de souffrances, d’injustices, tout en acceptant nos propres souffrances, c’est bien ce que nous désirons vivre avec Le Christ, mort et ressuscité pour chacun de nous.
Marie-Anne, Auxiliatrice

À la fin du week-end, nous avons noté des signes d’espérance…

L’espérance de voir une Église qui fait appel à l’extérieur, dans l’humilité et la vérité.
Une confiance en l’Église envers et contre tout. Tout n’est pas fichu.
Que le travail de vérité réalisé (en voie de réalisation) dans l’Église de France sur la question des abus puisse être effectué ailleurs, notamment en Afrique.
Joie et espérance de voir des jeunes chrétiens qui s’engagent pour un changement de société et d’Église.
Espérance que le mouvement synodal s’enracine dans la vie de l’Église.

et des appels pour nous, Auxiliatrices

Continuer d’être dans des lieux frontières, des lieux de purification… En effet, aujourd’hui nous nous sentons confirmées que l’accompagnement de la crise de l’Église (des abus) est bien au cœur de notre charisme.
Continuer d’être à l’écoute des souffrances, sans jugement.
Aider à former la conscience, à donner des éléments pour discerner en liberté et en vérité.
Continuer à collaborer avec d’autres car cela nous enrichit et nous aide à rester humbles.
Nous mettre au service de la diversité ecclésiale par notre écoute, notre accompagnement, notre capacité à donner des repères.
Nous nous sentons appelées à servir l’Église à l’intérieur en prenant part à nos paroisses et à l’extérieur avec toutes nos insertions diverses.

Et en guise de conclusion la réflexion de Christiane : « Je me suis inscrite à la session pour conforter mon espérance… et le résultat a dépassé mes espérances. »