Est-ce possible d’annoncer la résurrection du Christ dans ce contexte de pandémie et de confinement ? Isabelle et Marie-Claude disent oui en commentant l’Évangile du jour de Pâques lors d’une célébration dans la chapelle de La Barouillère.

Dans l’Évangile de Jésus Christ selon St Jean (Jn 20, 1-9)

Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. »
Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas.
Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place.
C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut.
Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.

Ce matin, en priant, j’ai été habitée par les deux premiers mots du livre de la Genèse.
Au commencement.
D’un côté la terre est informe et vide et les ténèbres sont au-dessus de l’abîme. Et le souffle de Dieu plane au-dessus des eaux.
C’est au commencement du jour que Marie-Madeleine va et c’était encore les ténèbres. Le commencement d’un jour qui peut sembler ordinaire pour Marie-Madeleine et pourtant c’est le commencement d’un temps où rien ne sera plus comme avant. Jésus est ressuscité ! Mais Marie-Madeleine ne le sait pas encore.
Qui le sait aujourd’hui ?
Depuis une semaine j’écoute dans le cadre de la cellule covid-19 de la CORREF/CEF.
Combien d’angoisse dans la voix des hommes et des femmes pour dire que rien ne change, que la vie est toujours aussi dure, aussi lourde à porter. « La résurrection, elle est pour les autres, pas pour moi » ; « Donnez-moi une parole d’espérance » ; « Comment faire face au désespoir ? »
Que dire ? Je sens les ténèbres au-dessus de l’abîme.
Oui, combien de nuits, combien de matins où l’on espère que la vie va changer, qu’elle va être belle, bonne. Combien de matins semblables où l’espoir est déçu.
Ce matin, la résurrection a un goût différent des autres années pour moi.
Elle est plus difficile, plus grave.
Je me suis rendue de bon matin, alors que c’était encore les ténèbres, pour joindre ma prière à toutes celles et ceux qui ont du mal à croire. Et j’ai déposé cela devant le tombeau vide.
L’abîme, les ténèbres… m’ont en partie envahie, oui, mais je me suis souvenue que le souffle de Dieu plane au-dessus des eaux et j’ai senti une source si profonde de joie et d’espérance.
Depuis le commencement Dieu veille sur sa création.
De cela je veux être le témoin.
Isabelle 

Est-il plus difficile de célébrer Pâques cette année ?
Faut-il oublier, parce que cette année la tragédie du monde nous est plus proche, qu’il y eu Pâques en 94 quand le Rwanda était en sang, en 45 quand déportés et réfugiés erraient à travers l’Europe, que sans le Covid il y aurait eu Pâques aussi dans les camps de Syrie et ceux des îles grecques ?
Alors la joie de Pâques n’est-elle qu’une inconscience de plus ? Vraiment je ne le crois pas.
Cette femme qui court porter une nouvelle qu’elle ne comprend pas encore et ces deux hommes, si différents, qui, pour une fois, s’attendent pour approcher ensemble le mystère, m’invitent, nous invitent, je crois, à autre chose : se laisser habiter de la joie d’un Autre, de la victoire d’un Autre, de l’Espérance d’un Autre. Celui qui, nous dit saint Paul dans la lettre aux Hébreux, « ayant, pendant les jours de sa vie dans la chair offert avec un grand cri et dans les larmes, des prières et des supplications à Dieu qui pouvait le sauver de la mort, fut exaucé en raison de son grand respect ». S’en laisser habiter et porter en courant cette joie, cette victoire, cette espérance partout où il nous est possible.
La résurrection c’est la vraie, la seule et digne vengeance de Dieu pour ses enfants que les hommes, dans leur malheur, ont broyés. De cela je voudrais ne jamais cesser d’être témoin, comme tout baptisé.
Marie-Claude