Je suis médecin et j’assure 3 matinées par semaine de consultation bénévole à Médecins du Monde (Marseille). Mon expérience passée au Tchad (25 ans) m’aide dans la rencontre et les soins des migrants africains.
Échos d’une matinée de consultation…
Sofia, Comorienne de 30 ans qui s’interroge sur une éventuelle grossesse. Yordanov, 5 ans, venu avec sa maman, Bulgare, avec 39°6 de fièvre et une bronchite. Monday, Nigérian de 27 ans, parlant anglais, souffrant de conjonctivite. Il dort dehors car il n’y a pas de place dans les foyers. Zakaria, 22 ans, Sénégalais avec une angine. Georgieva, Bulgare de 42 ans ne parlant pas français, avec une plaie infectée à l’épaule. Gossent, Nigérian de 39 ans avec une grippe. Mostefa, Tunisien de 33 ans avec des crises d’angoisse à répétition.
Ces migrants échoués à Marseille : enfant, jeune, adulte, venant des pays du Maghreb, du Moyen Orient (Syrie), d’Afrique noire, d’Europe de l’est, complètement isolé ou avec un membre de la famille. Après un voyage plus ou moins long. Certains ont quitté leur village en Afrique depuis environ 2 ans, sont passés par plusieurs pays, souvent ont été emprisonnés et ont subi de mauvais traitements en Lybie.
Difficulté de la langue pour les Bulgares, les Syriens, les Nigérians… Le plus souvent la rencontre est ponctuelle. Elle ne peut être seulement médicale. Où dorment-ils ? Où mangent-ils ? Pour les mineurs : comment les orienter vers des centres d’études, des formations professionnelles ?