Pendant ce temps de confinement, Françoise fait partie d’un réseau d’écoutants. En effet, la Conférence des évêques de France (CEF) et la Conférence des religieux et religieuses de France (CORREF) ont lancé ensemble un numéro vert d’écoute, après la demande du Président de la République lors de son entretien avec les représentants des cultes le 16 mars dernier. Ces deux instances ont monté ensemble un « réseau d’écoutants » : des prêtres, diacres, religieux/ses, laïcs ayant déjà pratiqué l’écoute de personnes en difficulté de vie. Leur premier soin est d’accueillir les personnes au téléphone, de comprendre leur attente et de les orienter si nécessaire vers les structures diocésaines correspondantes à leur besoin.
Françoise nous partage son expérience.
L’Eglise de France se soucie des plus fragiles, des plus seuls qui souffrent davantage. Elle a ouvert un numéro vert d’écoute de 8h à 22h, pour tous, 7 jours sur 7 : 0806 700 772.
Nous sommes heureuses, comme Auxiliatrices, de répondre, nombreuses, à cet appel qui rejoint particulièrement notre vocation : « Nous sommes appelées à rejoindre les personnes et les groupes qui passent par des situations d’épreuve » (constitutions n°19).
Certains événements de la vie courante, que chacun peut assumer habituellement, deviennent source d’angoisse quand on ne peut pas penser à autre chose. Ainsi telle personne appelle parce qu’elle doit recevoir une piqûre douloureuse dans l’œil, cela l’angoisse profondément.
Pour d’autres, cette situation exceptionnelle réveille en eux des souvenirs d’enfance affreux. Mme X appelle en pleurs parce qu’elle pense à tous ces enfants malheureux confinés dans leur famille peut-être face à un père alcoolique. Elle en a tellement souffert elle-même ! Au bout de quelque temps d’écoute, elle se retire : « Maintenant j’ai pu crier ma peine, merci ».
D’autres perdent tous leurs soutiens habituels : les temps de prière en commun, d’adoration, de pèlerinages ; brusquement ils se sentent bien seuls.
Une personne tremble de peur d’être contaminée par le voisin dont elle s’est approchée trop près pour lui dire que sa couette débordait sur son balcon.
L’impossibilité de visiter ses parents âgés est une souffrance terrible lorsqu’elle se greffe sur une mésentente entre les enfants. « Ma sœur aînée, qui est la tutrice, ne veut pas me donner des nouvelles de maman, exprès ».
Il nous faut essayer d’essuyer les larmes, ou simplement de permettre à une personne de pouvoir enfin parler après quatre semaines de silence. Beaucoup remercient de ce moment de soulagement, comme une bouffée d’air, dans l’atmosphère confinée.
Pour les écoutants chrétiens que nous sommes, le Triduum pascal prend tout son relief. Dans cette écoute nous contemplons le Christ rejeté de tous, seul dans sa souffrance, et le voilà qui se fait si proche au bout du fil. Nous ne pouvons que rester silencieux mais présents avec Marie au pied de la croix. Et nous le croyons, il va venir le temps de la résurrection, la Vie toujours plus forte. Déjà elle nous atteint à travers toutes les célébrations chrétiennes transmises par les médias. Certains sont heureux d’accueillir cette vie : une personne appelle seulement pour exprimer sa reconnaissance à l’Eglise qui déploie une telle créativité maternelle.
Comme le dit la Prière du Temps présent ce jeudi de Pâques : « Seigneur, tu es mort et ressuscité pour le salut de tous les hommes (et femmes) souviens-toi de chacun. Visite-nous, Seigneur ressuscité ».
Numéro national gratuit et anonyme.
Il est diffusé depuis mardi 31 mars dans les hôpitaux et structures publiques de santé
par le ministère de l’Intérieur.
Les écoutants sont disponibles de 8h à 22h, sept jours sur sept.