Plusieurs Auxiliatrices médecins, en activité, à la retraite ou en année sabbatique, se trouvent mobilisées pour faire face au coronavirus. 

Bénédicte dans un cabinet médical, Corinne comme médecin référent Covid-19 pour l’Aide Sociale à l’Enfance et disponible pour un centre de santé dans le 18e, Marie pour répondre au 15 et Christine à Médecins du Monde.

Christine donne un écho de ce qu’elle vit à Marseille :

« Médecins du Monde à Marseille. Depuis le début du confinement, nous avons suspendu les activités sociales et augmenté les consultations médicales de 3 à 5 fois par semaine. Ceci dans le désir que les plus précaires ne soient pas encore pénalisés par la situation d’épidémie et pour contribuer à « désengorger » les urgences des hôpitaux.
Confiner les « sans domicile », ce n’est pas facile. La distance à respecter entre personnes est difficile dans les Foyers-dortoirs. Du coup les équipes mobiles de maraude, de visites des squats, des bidonvilles sont plus actives.
Pour ma part, j’assure des consultations médicales 3 fois par semaine. »

Marie partage sa méditation de l’évangile proposé dimanche 22 mars par la liturgie : comment l’expérience de l’aveugle résonne avec son expérience toute récente de répondre au 15 et de ne pas voir le patient qui est au bout du fil.

« A quelques jours du début du confinement, l’Eglise nous invite ce dimanche, à prier avec un aveugle qui recouvre la vue (Jean 9,1-41).

Médecin généraliste, je me suis portée volontaire pour aider le centre 15 (SAMU) qui déborde actuellement d’appels téléphoniques. Et aujourd’hui, cet aveugle me parle particulièrement… En effet, au téléphone, je ne peux voir les patients comme en consultation au cabinet, alors, me voici comme cet aveugle ! Ce manque m’oblige à les voir autrement, à les écouter davantage (plus attentivement que si j’avais été avec eux), à les imaginer…

« Jésus applique de la boue sur les yeux de l’aveugle et lui dit : « Va te laver à la piscine de Siloé » (ce nom se traduit : Envoyé) »

Le Seigneur et toute ma communauté m’envoient pour cette nouvelle mission. Je pars dans cette nouvelle aventure avec foi ! Tout est une histoire de CONFIANCE… L’aveugle a confiance en Jésus. Moi aussi, j’ai confiance en Lui et j’ai confiance en mes sœurs de communauté qui me soutiennent. Et, à mon tour, je fais confiance à mes confrères et au patient au bout du fil qui me dit ce qu’il ressent sans que je le voie…

« L’aveugle y alla donc, et il se lava. »

L’aveugle se déplace. Il est invité à changer de lieu.
Cette semaine j’ai été formée au centre 15, par des confrères régulateurs. Nous avons travaillé en double écoute pendant plusieurs heures. J’ai été touchée par l’entraide au sein de l’équipe. « Dis au patient de mettre le téléphone près de la bouche de l’enfant pour mieux l’entendre respirer… » Il s’agit de trouver des moyens pour palier à ce manque de vue…

« Quand il revint, il voyait. »

Au retour du centre 15 – ma piscine de Siloé ! – je peux dire que j’ai vu au-delà de l’organe de la vue !
J’ai vu une équipe médicale soudée, accueillante, et qui se donne entièrement H24 pour les malades ;
J’ai vu avec mes oreilles, les patients, au-delà des apparences séduisantes ou hostiles, de tout ce qui peut aveugler mon regard habituellement ;
J’ai vu avec mes tripes, dans cette épreuve, les angoisses des patients que j’ai essayés de rassurer ;
J’ai vu avec mon cœur, mes frères bien-aimés en Dieu !

Seigneur, donne-moi de regarder à l’avenir mes patients, comme si je les voyais par téléphone… d’avantage avec le cœur, comme tes enfants bien aimés ! »