Dimanche de Pâques : Il est présent au milieu de nous

Pas d’autres signes que « la pierre enlevée du tombeau », » les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place ». (Jn 20, 1.6-7)

« Il vit et il crut » (Jn 20,8)
Une histoire de confinement
Quelques jours après la sortie du confinement, Anne-Marie relit son expérience de confinement, le premier, il y a un an, vécu pendant le carême et le temps pascal. Rencontre avec le ressuscité…
Le lieu : au troisième étage d’un bâtiment de l’EHPAD, à Versailles, une chambre ensoleillée du matin au soir, avec vue plongeante sur un jardin désert… Un ciel bleu que traversent des canards, des corbeaux, des pies… De temps en temps, des trains bruyants qui me font sursauter… Le soir, des pépiements de mésanges et de rouges-gorges… Lieu étrange, déserté des humains !
Les héros : un directeur qui prend très au sérieux les consignes… un personnel empêtré dans de longues blouses, coiffures et chaussures de couleur bleu roi, et nous, les personnes âgées, confinées bien malgré elles, du 14 mars au 16 juin 2020… Je me souviens d’un premier sentiment d’affolement, de révolte ; puis d’une prise de conscience de la réalité : « Tant de malades graves… de décès !… Et alors, ai-je réalisé, tant de personnes arrivant aux frontières mystérieuses du Purgatoire ! ». Je me sens concernée par leur situation et alors, je prie… avec ma foi d’Auxiliatrice… et je retrouve la paix !
Ensuite, il faut vivre : c’est le temps du Carême, de la Semaine Sainte, du Temps Pascal… Les journées se déroulent, soutenues par les possibilités que me donne l’ordinateur : avec YouTube, Kto, je rejoins le pape François pour l’eucharistie du matin, à la chapelle Ste Marthe ; conscient de notre présence, le saint Père nous aide pour une communion spirituelle… Je rejoins aussi les paroisses de Paris, la grotte de Lourdes. Je me sens unie à tout ce peuple qui s’efforce de créer des liens. Les informations nationales maintiennent mon lien avec le monde entier en souffrance. Une novice de Cergy, chaque semaine, me téléphone ; ma sœur de 90 ans, aussi : à travers elle, je réalise les difficultés que connaissent « les personnes âgées » vivant chez elles… Des courriers fraternels, inattendus, me parviennent… Le temps passe le mieux possible entre prières, lectures et réflexion.
C’est le Temps pascal. Je perçois une silhouette dans l’ombre : discrète, attentive, elle s’est invitée dans mon espace ! Je le pressens avec émotion : c’est Jésus, Ressuscité ! Soudain, il m’interroge : « Femme, pourquoi pleures-tu ? qui cherches-tu ? » – « Mais, ai-je répondu, je ne pleure pas ! » et tout à coup, je réalise que si ! Je gémis :« Jusques à quand ? et quel ennui ! et pourquoi cette protection des personnes âgées… On nous oublie ! »… C’est vrai que je tourne en rond, que la colère m’habite, que je conteste ces lois qui nous isolent, que je m’angoisse car je m’ankylose ! Jésus m’écoute et soudain je vois ses mains blessées, transpercées ; je me souviens de ses souffrances, de sa patience, de son silence… et j’ai honte ! Devant son amour, mon « si faible » amour ! Devant sa patience, ma colère ! Devant son engagement et sa fidélité, je me sens si tiède, si vite découragée !
Les portes du confinement se sont ré-ouvertes depuis quelques jours, mais le Christ est là, toujours présent. En mémoire de Lui, je désire… je décide de tendre le plus fidèlement possible à lui être présente dans un amour attentif à vivre à une nouvelle profondeur ma vocation d’Auxiliatrice (Constitutions, 31).
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (20, 1-9)
Le premier jour de la semaine,
Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ;
c’était encore les ténèbres.
Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau.
Elle court donc trouver Simon-Pierre
et l’autre disciple,
celui que Jésus aimait,
et elle leur dit :
« On a enlevé le Seigneur de son tombeau,
et nous ne savons pas où on l’a déposé. »
Pierre partit donc avec l’autre disciple
pour se rendre au tombeau.
Ils couraient tous les deux ensemble,
mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre
et arriva le premier au tombeau.
En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ;
cependant il n’entre pas.
Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour.
Il entre dans le tombeau ;
il aperçoit les linges, posés à plat,
ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus,
non pas posé avec les linges,
mais roulé à part à sa place.
C’est alors qu’entra l’autre disciple,
lui qui était arrivé le premier au tombeau.
Il vit, et il crut.
Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris
que, selon l’Écriture,
il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.
