Fête de famille

Jour de fête pour célébrer la vie : Odile et Régine (qui n’ont pas pu se déplacer), Marie-France, Betty, Laurence, Corinne et Adèle (Tchadienne, de passage à Paris) fêtent cette année 75, 60, 50 ou 25 ans de vie religieuse ! Et Gudrun a 60 ans ce jour-là !

Célébration pour rendre grâce, faire mémoire de tous les bienfaits reçus au long de ces années.

« Ce jour de jubilé, à l’allure de fête de famille, nous porte à revenir au fondement de nos vies à la suite du Christ et à goûter la saveur évangélique de ce devoir de mémoire aux nombreuses harmoniques. Nous pouvons sans doute mieux entendre aujourd’hui l’invitation d’Ignace à peser avec beaucoup d’amour tout ce que le Seigneur a fait pour moi et combien il désire se donner lui-même à moi […] pour que moi, pleinement reconnaissant(e), je puisse en tout l’aimer et le servir. »

Extrait de l’homélie

La bonté

Rien ne surpasse la charité quand elle aime vraiment : en elle, dit saint Paul, « se noue la perfection » (Col 3, 14). Tout passera, la charité, elle, « ne passera jamais » (1Cor 13, 8). Mais la charité – amour qui vient de Dieu – se réfracte de mille façons et dans bien des noms. Ici nous l’appellerons la bonté.
La bonté est une disposition du cœur. Elle est là, doucement installée, bien avant les actes qu’elle suscitera peut-être. Elle se contente souvent d’un regard : regard de bonté qui, à lui seul, réchauffe et réconcilie.
La bonté n’exige rien ; elle considère, elle accueille, « elle croit tout, elle excuse tout, elle espère tout » (1Cor 13, 7). Elle ne justifie pas tout mais elle compatit à la difficulté de vivre, si courante, si universelle sans doute. Elle n’a pas grand-chose à faire du volontarisme et de la crispation dans de vains combats. Elle reste exigeante, parce que bienveillante. Elle veut le bien d’autrui. Elle sait qu’il n’y a pas de bien sans vérité, mais se voudrait être sans violence.
La bonté habite souvent les lieux de la faiblesse humaine et même de la déchéance. Car elle est étrangère à l’orgueil et à la volonté de puissance. La faiblesse lui évite le dessèchement du cœur et laisse intacte sa capacité d’aimer. Aussi est-elle capable de libérer beaucoup de tendresse au cœur de la misère, comme cette « pécheresse » au pied de Jésus : « Ses nombreux péchés lui sont pardonnés, parce qu’elle a montré beaucoup d’amour » (Luc 7, 47).
Il arrive à la bonté de virer à la colère. Cela paraît contradictoire ; c’est pourtant l’une de ses justes expressions. Il faudra parfois du temps pour comprendre qu’elle n’est pas méchante. Elle souffre elle-même de ne pas toujours montrer un visage de douceur mais elle est sans complaisance et nullement amie de la facilité du mensonge. Elle compatit à la faiblesse, mais elle reste intransigeante vis-à-vis du mensonge qui la dénaturerait elle-même.
Dans les débats et les conflits, la bonté peut laisser miraculeusement l’espace d’une réconciliation possible. Mais elle est sans défense, souvent méconnue, parfois gravement blessée. Il y a des armes qu’elle ne sait pas utiliser, car elle-même n’a pas d’armes. Ceux que la bonté habite perdent souvent les batailles, même justes.
La bonté ne sauve pas de la mort ; elle n’a pas sauvé le Christ de la mort. Mais elle l’illumine et la traverse.
Ceux qui ont la grâce de porter un regard de bonté sur toutes choses, ceux-là sont vraiment « témoins de la Résurrection » (Actes 1, 22).

Régine du Charlat