Le Synode, une aventure d’écoute par étapes

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Depuis plus d’un an, Geneviève participe, à la demande de l’évêque de Saint-Denis, à l’aventure synodale voulue par le pape François en octobre 2021 pour préparer les deux sessions sur le Synode sur la synodalité de l’Église, qui réuniront les évêques à Rome en octobre 2023 et octobre 2024.

L’an dernier, d’octobre 2021 à avril 2022, nous avons été plus de 150 000 personnes à avoir pris part à cette aventure au sein de l’Église de France, que ce soit au sein des mouvements, de l’enseignement catholique, des aumôneries, des groupes divers et des paroisses. C’est peu si on se réfère aux 3 millions de catholiques. Mais nous ne pouvons pas ignorer que cette demande d’apprendre à « marcher ensemble en Église » a été reçue après le rapport de la CIASE suite aux révélations douloureuses et fracassantes des abus dans l’Église. Pour beaucoup, la priorité était de lutter contre ces violences et de se solidariser avec ceux et celles qui avaient été abusés, si bien que les diocèses ont eu du mal à nous mobiliser pour ce Synode. Pour d’autres, il s’agissait de pouvoir dire haut et fort ce qui devait changer dans l’Église sans toujours saisir que la démarche synodale supposait de discerner les conversions demandées à chacun pour marcher vraiment ensemble.

Pour le Diocèse de Saint-Denis, plus de 1 000 personnes d’origines et horizons très variés se sont mobilisées et ont envoyé leurs réponses pour une première synthèse locale qui devait parvenir à la CEF au printemps afin qu’une synthèse nationale soit adressée à Rome pendant l’été. Rédiger le compte-rendu de ce Diocèse m’a beaucoup touchée tant les attentes de communion, après deux années de Covid qui avaient vidé les églises, étaient grandes.

Mais ce qui m’a le plus frappée, c’est de lire les convergences entre la synthèse diocésaine et la synthèse nationale. Les documents nés de la démarche de discernement des Églises locales portent tous le souci d’une Église ouverte à tous si celle-ci veut être fidèle à son Seigneur et à l’évangile : jeunes, femmes, pauvres et exclus, personnes avec un handicap, personnes homosexuelles, divorcés et remariés, chacun doit se sentir attendu dans l’Église et y trouver sa place car membre d’un même corps, celui du Christ (cf. 1Co 12).

Le secrétariat romain du Synode a fait parvenir en octobre dernier une synthèse internationale de la réception des documents des 112 conférences épiscopales (sur 115) et celles de toutes les 15 Églises catholiques orientales. Cette synthèse, le Document de Travail pour l’étape continentale (DEC) « Elargis l’espace de ta tente » d’une soixantaine de pages, inaugure la phase continentale du Synode. Il s’agit maintenant de poursuivre le discernement sur ce qui a émergé de la phase d’écoute locale et nationale précédente, formuler plus précisément les questions ouvertes, et mieux étayer les idées provenant des Églises locales en prenant le temps de vérifier au niveau des différents continents les accords et les tensions qui demeurent dans ce « marcher ensemble ». Chaque continent est appelé à réunir avant la mi-mars une assemblée ecclésiale constituée d’évêques, de prêtres, de diacres, d’hommes et de femmes consacrés, laïcs et laïques. La phase continentale pour l’Europe du synode pour une Église synodale s’est tenue du 5 au 10 février 2023 à Prague en République tchèque avec quelques 150 participants à Prague et 500 participants en visio.

En mettant l’accent sur ces grandes synthèses continentales qui devraient permettre de vérifier nos différences culturelles et les défis qu’elles apportent à la foi et à l’Église, est-ce à dire que plus rien n’est à faire dans nos Églises locales ? Pour sa part, le Diocèse de Saint-Denis a décidé de poursuivre l’approfondissement de ce « marcher ensemble » pour voir les pas et les conversions concrètes à faire pour que notre Église soit à l’écoute réelle et respectueuse de l’autre et des plus pauvres. Qu’elle soit une Église du dialogue et du discernement afin de dépasser les polarisations qui se traduisent trop souvent en oppositions. Il s’agit pour chacun et chacune, à la suite de l’Esprit de se laisser surprendre.