Ecopélé 2021.
25 jeunes ont marché sur le Chemin de St Jacques, accompagnés par 2 Auxiliatrices et une petite équipe. Certains pour la 1ère fois, d’autres pour la 2e ou 3e fois. Qu’est-ce qui les fait donc venir ou revenir ?! Témoignages de Claire et Michaël.
Après les 18 derniers mois et les restrictions qui les ont alourdis, je ressentais le besoin de bouger, de casser une routine et une vie limitée par le contexte du moment. Je savais que ce besoin était là. Il a d’ailleurs induit mes choix pour cette période de vacances. Pourtant, au moment de rejoindre l’éco-pélé, j’ai failli faire demi-tour. Le besoin était étouffé et remis en cause. J’ai pris conscience de ce que cette année si particulière m’avait fait rouiller. Cette vie réduite me faisait perdre l’habitude d’oser, de rencontrer, de changer de ce qu’on connaît et maîtrise. Et puis le chemin de St Jacques, j’en ai déjà fait l’expérience et elle était magnifique mais solitaire. Pourquoi aller changer une recette incroyable ?
J’ai suivi, sans en avoir vraiment conscience, le conseil d’Ignace de ne pas prendre ou changer de décision dans la désolation. J’ai tenu bon dans mon choix parce que je l’avais posé, parce que même s’il se faisait moins fort, je savais ce besoin présent et parce que je me savais attendue. Et je l’étais. J’étais attendue et j’ai été accueillie. La désolation a disparu. Le plaisir de marcher, de retrouver des amis, de rencontrer, d’échanger en profondeur, d’écouter et être écoutée, d’être accueillie et d’accueillir à son tour l’autre, les évènements et la « main de Dieu » en tout. J’ai finalement pu avoir mes moments solitaires ou des temps de silence comme profiter des autres pèlerins, j’ai pu marcher au rythme que je souhaitais, j’ai changé la forme de ma prière pour suivre la vie du groupe et j’en ai découvert de nouvelles. C’était beau, c’était bon.
Ce pèlerinage m’a fait sortir de ma zone de confort et de confiance. Il est venu me « bousculer » et je sais que cela m’était nécessaire. C’était une belle expérience et une magnifique occasion de prendre soin de ce besoin : un groupe bienveillant et porteur, une nature magnifique, des enseignements et un thème nourrissants et des rires. Beaucoup de rires.
Changer de recette même incroyable, c’est se laisser une chance d’en découvrir une autre et de faire confiance au Seigneur pour lui donner la saveur dont nous avions besoin. A l’année prochaine !
Claire
Cet été, j’avais choisi de participer à l’écopélé entre Nasbinals et Conques. J’avais pas mal apprécié l’expérience en 2020 et j’avais à cœur de retrouver ce mélange particulier entre marche en équipe, spiritualité ignatienne et écologie. Je dois avouer que j’ai été plus qu’exaucé dans cette espérance !
D’abord, la marche pendant 90 km a été très vivifiante, du plateau de l’Aubrac à la basilique de Conques en passant par les berges du Lot. La diversité des paysages et des architectures a été pour moi une vraie joie à découvrir au fur et à mesure. De même la répartition par équipe de marche permet de cheminer avec les mêmes personnes et d’avoir des vrais moments d’échanges progressifs. Avec l’équipe des chevaux, j’ai pu retrouver l’érudition de Jean et rencontrer plein de belles personnes.
L’écopélé c’est aussi un cheminement spirituel qui accompagne la marche. Cette année, avec le thème du consentement, j’ai été pas mal bousculé. Je connaissais l’importance du consentement lorsqu’il est absent à travers les différentes violences que subissent les femmes dans différents milieux (sportif, politique, familial, ecclésial) mais je ne l’avais jamais abordé dans le sens positif du terme. Avec des topos matinaux qui nourrissaient les réflexions de la journée, j’ai pu goûter les joies et les surprises du consentement à la vie. Des temps de dialogues contemplatifs et des temps de relecture en petits groupes m’ont aussi permis de réaliser que consentir c’était aussi sentir avec les autres. Sentir la vie avec ses 5 sens dans toute sa diversité et y accepter la grâce du Seigneur qui m’accompagne sur le chemin. Et puis, le temps d’accompagnement spirituel de fin de semaine aide beaucoup quand on a des choix à poser et des situations à discerner !
Enfin, l’écopélé pour moi c’est aussi une démarche écologique à affirmer. C’était important pour moi de ne pas vivre de vacances coupé de l’urgence écologique qui menace notre planète. Comment vivre sereinement un pèlerinage où l’on rend grâce de la Création alors que celle-ci périt à cause des activités humaines ? Chaque midi des passages de Laudato Si’ nous ont permis d’échanger sur nos pratiques individuelles et collectives pour se convertir progressivement à une écologie intégrale. Une écologie qui parle de solidarité avec les plus pauvres et qui appelle aussi d’autres modes de consommation. Une écologie qui invite à être à l’écoute de son corps tout en questionnant son rapport à la technologie. Bref une écologie intégrale à vivre pendant la semaine de marche et aussi après.
Je crois que c’est le brassage de ces trois ingrédients qui a créé pour moi un cocktail détonant pendant cet écopélé 2021. J’y ai trouvé un sirop de joie et de rencontres à diluer pendant toute l’année, alors merci les auxis !
Michaël