Samedi Saint, contemplation de la descente aux enfers
Dans le Credo nous disons que le Christ « est descendu aux Enfers », dans le séjour des morts.

La tradition orthodoxe a choisi de représenter la Résurrection du Christ par la descente aux Enfers, comme pour affirmer que le Samedi Saint contient déjà en lui toute la réalité Pascale. Au centre de l’icône, le Christ, drapé de lumière, est tout en mouvement, lui qui est pourtant mort !

Il se tient au bord du gouffre où se noient des clés, des tenailles, des clous : les instruments de la mort.
Il empoigne solidement Adam et Eve. Il les arrache à leurs tombeaux pour les faire pénétrer, dans sa lumière.

Derrière Eve, il y a les Justes et Moïse… Tout le peuple de celles et ceux qui étaient avant le Christ, et qui avec Adam et Eve, les premiers parents de l’humanité, sont entraînés dans Sa Résurrection.
Derrière Adam, il y a les Rois de l’Ancien Testament et Jean- Baptiste.

Que nous dit cette icône si nous nous laissons peu à peu toucher par elle ?
Elle nous apprend d’abord que Dieu vient visiter le lieu même de la Mort : « A cause de toi – dit-il à l’homme-, je suis devenu ton Dieu, à cause de toi, moi le Seigneur, j’ai pris la forme d’esclave ; à cause de toi, moi qui demeure au-dessus des cieux, je suis descendu sur la terre et sous la terre. » (Pseudo – Epiphane). Alors, il n’y a pas de « frontière à l’Amour qui nous ouvre à la communion avec Dieu et avec les autres » (Constitutions 18 et 35)

Et avec Saint Paul (Rm 8,20…39), nous pouvons dire et méditer :
20La création a été soumise au pouvoir du néant, non pas de son plein gré, mais à cause de celui qui l’a livrée à ce pouvoir. Pourtant, elle a gardé l’espérance 21d’être, elle aussi, libérée de l’esclavage de la dégradation, pour connaître la liberté de la gloire donnée aux enfants de Dieu. 25Mais nous, qui espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec persévérance. 31Que dire de plus ? Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? 32Il n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il, avec lui, ne pas nous donner tout ?
33Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? Dieu est celui qui rend juste : 34alors, qui pourra condamner ? Le Christ Jésus est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous : 35alors, qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le glaive ? 36En effet, il est écrit : C’est pour toi qu’on nous massacre sans arrêt, qu’on nous traite en brebis d’abattoir.
37Mais, en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. 38J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les Principautés célestes, ni le présent ni l’avenir, ni les Puissances, 39ni les hauteurs, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ Jésus notre Seigneur.

Oui, Dieu est celui qui nous sauve, nous arrache à la mort. Son « amour transfigurant est un don gratuit » (Constitutions n°18). Là, réside notre espérance.
Le salut n’exclut personne, mais ce sont bien Adam et Eve que le Christ saisit d’abord, avant les Rois et les justes et à travers eux, tous ceux qui ont « le plus grand besoin d’être sauvés ».
Accueillons au plus profond de nous-même, au cœur de nos blessures, de nos souffrances, de nos abandons, de nos impuissances… la libération que Jésus veut nous donner.