Samedi Saint : que se passe-t-il aujourd’hui ?

Contemplation de la Vierge du Samedi Saint
Marie se tient debout
dans le souvenir de son Fils mort et enseveli.
Mère des douleurs,
Vierge de l’offrande en ses mains ouvertes.
Le drapé du linceul s’échappe du tombeau
et dans un mouvement de danse esquissé,
passe entre les mains de Marie,
entraînant son cœur
dans l’« espérance » de la Vie
qui va bientôt surgir.
Déjà la pierre du tombeau est fissurée
au passage du drap mortuaire.
C’est le présage que le Ressuscité s’échappera,
Lui, le Vivant plus fort que la mort.
Il s’échappera pour soustraire
ses frères et sœurs
du monde entier à la rigidité
de tout ce qui les empêche de se livrer
au Grand Souffle de l’Esprit-Saint.
Annette
La pousse est si petite
Qu’il serait aisé de n’en rien voir.
Pourtant, au cœur de l’hiver
Et de la rare lumière
Un frémissement de vie est là.
Vie en humble forme.
Pour qui ne se lasse pas de la contempler
Elle offre ce qu’elle a de plus précieux
La promesse
Isabelle

Danse dans la nuit !
Lâche l’humeur noire, les peurs de décevoir
Laisse les pensées des mauvaises fées
Souffle le nuage, laisse s’envoler
Risque ta peau
Va, va où va le vent !
Laisse-les, laisse les dans le ciel aller
Laisse-les, laisse les dans l’amour aller
Danse dans la nuit
Danse dans la nuit
Notre naissance…
Lâche ton angoisse, fille de la poisse
Laisse la tigresse et ses réflexes
Ouvre les verrous, passe la porte
Risque ta peau
Va, va où vont tes pas !
Laisse-les, laisse les dans la terre aller
Laisse-les, laisse les dans l’amour aller
Danse dans la nuit
Danse dans la nuit
Notre naissance…
Lâche la pression, et toutes ses illusions
Laisse la colère aigreur amère,
Goûte l’eau vive, laisse couler
Risque ta peau
Viens, viens où ton cœur va !
Laisse-les, laisse les dans la mer aller
Laisse-les, laisse les dans l’amour aller
Danse dans la nuit
Danse dans la nuit
Notre naissance…
A écouter ici…
Marie-Odile, qui a écrit ce chant, commente :
Danser dans la nuit fait référence à cette nuit vécue par le Christ Jésus et tous ses amis entre le moment de sa mort et l’événement de sa résurrection.
Cette force de bonté intarissable qui a ressuscité Jésus au jour de Pâques, lui a aussi permis de descendre aux enfers rejoindre avec vigueur et tendresse tous ceux et celles déjà passés par la mort.
J’aime à penser que c’est dans une danse de nuit que le Christ entraîne toute l’humanité avec Lui dans la Vie et l’amour sans condition du Père !
Cet élan nous invite à notre tour à lâcher tout ce qui nous empêche d’aimer comme Lui.
Samedi saint : dans le silence de Dieu, écoute ton impuissance
Après avoir pris le vinaigre, Jésus dit : « Tout est accompli ! » Inclinant la tête, il rendit l’esprit… Ainsi s’achève le jour de la Parascève, de la préparation, et nous entrons dans le Shabbat, le jour du repos absolu. Entrer dans ce repos n’a jamais été facile pour l’homme, encore moins aujourd’hui, quand on adore les dieux de l’efficacité et de la productivité, au lieu du Dieu du gaspillage par amour, qui s’est fait homme et a tout donné jusqu’à sa mort. Le samedi saint est un jour inconfortable car c’est le jour de l’attente. Nous sommes au cœur d’une condition de non encore, d’inachevé, de devenir, et sans même pouvoir prédire quand. L’attente est frustrante, elle nous dérange nous qui, au lieu d’être le sel de la terre, voulons être directement la terre. Nous essayons donc toujours d’échapper à nos samedis saints en nous remplissant de choses à faire pour combler le vide que l’attente nous laisse ou en niant la réalité parfois douloureuse et fatigante que nous devons vivre. Habitués à la pollution sonore des médias et de la société qui nous demande d’être omnipotents, humains fictifs, nous fuyons le silence du vrai Dieu et du vrai homme. C’est le silence qui devient assourdissant. Mais en fuyant l’attente et le silence, nous passons à côté d’une grande opportunité : précisément celle de vivre le Samedi Saint. Oui, il est difficile de le reconnaître, mais ce jour est une opportunité pour nous, hommes et femmes fragiles mais en chemin pour rechercher la plénitude. L’attente, en effet, nous ouvre au silence et à la contemplation. Dans le silence, nous faisons de l’espace, dans le silence nous pouvons accueillir ce qui nous entoure et nous le regardons avec des yeux différents, nous le voyons comme inouï parce qu’au milieu du bruit assourdissant nous ne l’avons pas vu et au contraire dans le silence il nous apparaît comme une précieuse nouveauté. Nous le contemplons ! Et en le contemplant, nous nous préparons à la résurrection. Bien sûr, la résurrection n’est pas automatique et spontanée, mais c’est pour ça que le temps du Samedi Saint nous guide dans l’apprentissage, car c’est le temps de nous laisser faire par le même silence et vide, pour vivre dans la certitude que cette résurrection aura lieu. Nous ne savons pas comment ni quand, mais nous y croyons. La pierre du tombeau n’enferme pas la vie pour toujours, car Jésus ne s’est pas arrêté à la croix mais l’a dépassée. Il n’a pas aimé pour mourir, mais pour nous faire vivre.
En accueillant le Samedi saint, nous posons un acte de foi en réponse au don d’amour indicible que Jésus nous a fait en expirant sur la croix. Plus nous contemplons dans le silence le Christ, plus nous entrons en contact avec notre petitesse ; plus nous nous familiarisons avec nos fragilités, plus nous les sentons habitées par Dieu. Ainsi, lorsque nous serons dans la « plénitude des temps », lorsque nous aurons vécu le silence et l’attente jusqu’au bout, nous verrons la mort se transformer en vie. Laissons le silence et l’attente travailler pour nous, lâchons prises sur nos illusions de contrôle et de perfection ! Et nous serons dans la joie, non pas la joie d’un moment d’euphorie, mais la joie pleine et éternelle.
Parole libre d’Ilaria
« Éveille-toi, ô toi qui dors »
« Que se passe-t-il ? Aujourd’hui, grand silence sur la terre ; grand silence et ensuite solitude parce que le Roi sommeille. La terre a tremblé et elle s’est apaisée, parce que Dieu s’est endormi dans la chair et il a éveillé ceux qui dorment depuis les origines. Dieu est mort dans la chair et le séjour des morts s’est mis à trembler.
C’est le premier homme qu’il va chercher, comme la brebis perdue. Il veut aussi visiter ceux qui demeurent dans les ténèbres et dans l’ombre de la mort. Oui, c’est vers Adam captif, en même temps que vers Eve, captive elle aussi, que Dieu se dirige, et son Fils avec lui, pour les délivrer de leurs douleurs.
Le Seigneur s’est avancé vers eux, muni de la croix, l’arme de sa victoire. Lorsqu’il le vit, Adam, le premier homme, se frappant la poitrine dans sa stupeur, s’écria vers tous les autres : « Mon Seigneur avec nous tous ! » Et le Christ répondit à Adam : « Et avec ton esprit ». Il le prend par la main et le relève en disant : Éveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les morts, et le Christ t’illuminera.
« C’est moi ton Dieu, qui, pour toi, suis devenu ton fils ; c’est moi qui, pour toi et pour tes
descendants, te parle maintenant et qui, par ma puissance, ordonne à ceux qui sont dans les
chaînes : Sortez. À ceux qui sont dans les ténèbres : Soyez illuminés. À ceux qui sont endormis : Relevez-vous.
« Je te l’ordonne : Éveille-toi, ô toi qui dors, je ne t’ai pas créé pour que tu demeures captif du séjour des morts. Relève-toi d’entre les morts : moi, je suis la vie des morts. Lève-toi, œuvre de mes mains ; lève-toi, mon semblable qui as été créé à mon image. Éveille-toi, sortons d’ici. Car tu es en moi, et moi en toi, nous sommes une seule personne indivisible.
« C’est pour toi que moi, ton Dieu, je suis devenu ton fils ; c’est pour toi que moi, le Maître, j’ai pris ta forme d’esclave ; c’est pour toi que moi, qui domine les cieux, je suis venu sur la terre et au-dessous de la terre ; c’est pour toi, l’homme, que je suis devenu comme un homme abandonné, libre entre les morts ; c’est pour toi, qui es sorti du jardin, que j’ai été livré aux Juifs dans un jardin et que j’ai été crucifié dans un jardin.
« Vois les crachats sur mon visage ; c’est pour toi que je les ai subis afin de te ramener à ton premier souffle de vie. Vois les soufflets sur mes joues : je les ai subis pour rétablir ta forme défigurée afin de la restaurer à mon image.
« Vois la flagellation sur mon dos, que j’ai subie pour éloigner le fardeau de tes péchés qui pesait sur ton dos. Vois mes mains solidement clouées au bois, à cause de toi qui as péché en tendant la main vers le bois.
« Je me suis endormi sur la croix, et la lance a pénétré dans mon côté, à cause de toi qui t’es endormi dans le paradis et, de ton côté, tu as donné naissance à Eve. Mon côté a guéri la douleur de ton côté ; mon sommeil va te tirer du sommeil des enfers. Ma lance a arrêté la lance qui se tournait vers toi.
« Lève-toi, partons d’ici. L’ennemi t’a fait sortir de la terre du paradis ; moi je ne t’installerai plus dans le paradis, mais sur un trône céleste. Je t’ai écarté de l’arbre symbolique de la vie ; mais voici que moi, qui suis la vie, je ne fais qu’un avec toi. J’ai posté les chérubins pour qu’ils te gardent comme un serviteur ; je fais maintenant que les chérubins t’adorent comme un Dieu.
« Le trône des chérubins est préparé, les porteurs sont alertés, le lit nuptial est dressé, les aliments sont apprêtés, les tentes et les demeures éternelles le sont aussi. Les trésors du bonheur sont ouverts et le royaume des cieux est prêt de toute éternité. »
Éveille-Toi, ô toi qui dors, Homélie pour le grand et saint Samedi (attribuée à Pseudo-Epiphane de Salamine)

Représentation de la communion des saints vivants et morts, saints connus et… anonymes du quotidien.
L’ensevelissement de Jésus (Jn 19, 38-42),
En ce jour de Samedi Saint, jour de grand silence, Hélène nous guide pour prier sur le texte de l’ensevelissement de Jésus .