Suzanne, témoin de la joie de l’Évangile

Mgr Denis Moutel, en aumônerie à Nantes

P. Denis Moutel, lors de la fête pour le départ de Nantes de Suzanne (1984)
Il a connu Suzanne à Nantes, au tout début de son ministère d’aumônier de lycées et collèges publics en 1981.
Voici donc mon petit récit (partagé avec une autre animatrice, Marie-José) qui se veut surtout action de grâces, car Suzanne n’était pas du genre à « prendre la lumière ».
Elle était pourtant rayonnante pour un grand nombre de personnes et, pour ma part, je remercie le Seigneur d’avoir pu la rencontrer et d’avoir reçu autant d’ouverture et de profondeur au tout début de mon ministère d’aumônier.
Quand je rencontre des jeunes – c’est finalement relativement fréquent même pour un évêque qui commence à avancer en âge ! – je dis à Dieu et à quelques autres avec qui je parle : « Sœur Suzanne, à Nantes, c’est elle qui m’a tout appris pour aimer les jeunes et les rencontrer ».

Le jour de l’ordination de Mgr Denis Moutel (2010)
Nous disons merci à Dieu pour sa foi profonde et son discernement de chaque jour forgé par les exercices de St Ignace, pour sa pédagogie « tous terrains » rejoignant aussi bien les jeunes que les adultes, comme ils sont et là où ils en sont, pour son sourire et sa douceur qui portaient de fortes convictions et des interventions ajustées, le solide « caractère de Queinnec bretonne » aidant peut-être un peu (c’étaient ses mots).
Je l’avais visitée à Versailles, et Marie-José également à Marseille. Nous l’avions revue à mon ordination épiscopale, il y a bientôt 12 ans à Saint-Brieuc, déjà un peu fatiguée. Dans la cathédrale je lui avais dit en l’embrassant : « Tu es là, Suzanne, quelle joie ! » Nous avions fini par nous tutoyer.
Et puisque Dieu continue toujours ce qu’il a commencé, nous lui disons qu’il peut compter sur Suzanne, une amie si proche de nous que nous croyons tout près de lui. Elle pourra continuer à faire passer les bons messages pour la joie de l’Évangile et pour la mission.

La communauté du noviciat en 1991
Agnès, Auxiliatrice, au noviciat à Paris
Elle m’a accueillie au noviciat en septembre 1991.
Quelle femme affectueuse, simple et chaleureuse, encourageante aussi.il était bon de l’avoir avec nous dans la communauté du noviciat alors que je faisais mes premiers pas dans ce nouveau monde de la vie religieuse.
Je me rappelle qu’elle nous partageait parfois ses interrogations : est-ce que je fais mieux d’aller à la messe ou devrais-je plutôt rendre visite aux pauvres. Elle connaissait beaucoup de pauvres et savait nouer des relations de confiance et se faire accepter d’eux. Elle aimait les très pauvres et les accueillait avec beaucoup de chaleur et son grand sourire.
Justin, volontaire permanent d’ATD, et Joëlle, amie d’ATD, à Marseille
Justin : La seule chose que je puisse dire : Suzanne et moi nous avons vécu bien des moments très forts dans la Cité de Bellevue. Les gens se posaient beaucoup de questions de voir une femme assez âgée, titubant dans le vent du Mistral, aller à la rencontre des familles. C’était une belle époque. Très régulière aux réunions à la Maison Quart Monde à Marseille, elle ne mâchait pas ses mots.
Joëlle : C’est sûr que je me souviens de toutes ces visites que nous avons faites à Bellevue, de tous les liens qu’elle a poursuivis et élargis… J’aimais sa simplicité, son attention et sa gentillesse.
Jean-Pierre, ami de la paroisse, à Marseille
Tristesse d’apprendre le décès de Suzanne.
Par quel mystère, après un début de rencontre plutôt agité (dû à mon anticléricalisme assez primaire), sa patience eut raison de mon attitude ? Suzanne m’a retourné comme un gant et j’ai alors éprouvé chaque fois une grande joie à me trouver à son contact, elle, la croyante, dont je ne trouve aucun équivalent dans mon entourage, elle qui savait si bien désarmer le vieil ours mal léché que je suis et qui, maintenant a terminé son parcours.
À Dieu, Suzanne, tu m’as marqué comme il est difficile de l’imaginer. Certains n’ont pas besoin d’intermédiaire pour aller vers Celui qui t’a accueillie. Ce n’est pas mon cas, et quand une belle personne comme toi remplit ce rôle, la trace est encore plus profonde et j’essaie de la préserver.
Pense un peu à nous… !