« C’est un service de l’espérance qui nous est demandé. Notre mission est de cheminer avec tous dans la quête d’une vie plus humaine. »
Une sœur d’Autriche
Une sœur d’Autriche
« Face à la souffrance des hommes, dans la guerre, la famine, il m’était très difficile au début de croire que Dieu est du côté des pauvres, de ceux qui souffrent. Comment rendre grâces dans ces conditions ? Mais Dieu s’est révélé comme Celui qui fait vivre, à travers la mort et la Résurrection de Jésus. Ceci nous donne une grande espérance, que nous pouvons communiquer : en toute situation, aussi dramatique soit-elle, il y a l’espérance que la vie peut jaillir car Dieu aime tous les hommes. Et le Père, par Jésus, nous entraîne dans ce même amour à communiquer. » Une sœur du Tchad
Nous sommes habitées par la conviction que Dieu nous rejoint là où nous sommes. Il nous appelle à bâtir avec Lui un monde, dans lequel toute personne a la possibilité de faire fructifier les talents qu’elle a reçus, par la réalisation de ce qu’il y a de plus humain en elle, dans un mouvement de conversion et d’épanouissement tout à la fois.
Au fond, ce qui nous anime pour « aider l’homme à atteindre le but de sa création », c’est « une ligne de foi et d’espérance. L’acteur essentiel est Dieu, notre Créateur, Celui qui fait vivre des exodes, qui se tient avec les petits dans les épreuves, Celui qui inspire les naissances et les recommencements des disciples de son Fils ; une ligne de combat intérieur, pour transformer les relations ; une ligne d’amour patient et de solidarité dans la souffrance et la misère, de joie à partager l’existence. » Une sœur de France
Nous n’ignorons pas cependant que, dans ce monde, l’humanité est cause et objet de souffrances, de mal, de péché. Mais nous croyons Dieu présent, au cœur des situations douloureuses, même s’il paraît se cacher pendant les nuits d’épreuve. Notre foi en sa présence agissante nous rend responsables de la révéler comme une Bonne Nouvelle, une espérance donnée à tous.
Ceux que nous rencontrons nous apprennent à devenir plus humaines, plus vraies, plus attentives à ce qui fait leur vie et la nôtre. En acceptant ainsi, quelquefois, de nous laisser transformer, évangéliser par ceux auxquels nous sommes envoyées, nous reconnaissons que c’est Dieu qui fait le travail.
A regarder les choses en face, la crise écologique est assez désespérante. (…) Mais l‘espérance chrétienne nous convoque à ne pas oublier la vie qui est promise dans cette épreuve même et à travers elle, mais à la recevoir de Dieu (…) Personnellement, je me sens de moins en moins optimiste. Mais je crois aussi que j’ai gagné en espérance : si je n’arrive plus à me baser sur les fragiles avancées de nos sociétés pour espérer, je peux m’appuyer sur la foi, la foi « nue », la foi en un Dieu qui n’a pas abandonné l’homme. Un Dieu qui ne va pas régler nos problèmes à notre place, qui n’empêchera sûrement pas que nous ayons à traverser des zones de turbulence majeures, mais qui assure qu’à la fin, l’amour aura le dernier mot. Il nous demande de faire tout ce que nous pouvons mais nous promet de multiplier lui-même toutes nos petites actions écologiques, qu’elle qu’en soit leur utilité à vue humaine, pour en faire le ferment de son Royaume. Car, nous le savons, attendu comme un don, cet avenir se prépare et s’ébauche dès maintenant (Constitutions n°34). Une sœur de France
La traduction du charisme en termes d’espérance a beaucoup de pertinence pour moi aujourd’hui. Espérer dans un monde en mal d’espérance, espérer comme réponse à la désespérance ambiante. Il ne s’agit pas de se lancer dans une analyse sociologique, mais vous savez toutes comme moi que nos sociétés sont en panne d’espérance et tout spécialement les sociétés européennes. Il y a d’ailleurs un paradoxe : ce sont des sociétés riches (même si la richesse est très mal répartie), dans lesquelles on vit d’une réelle sécurité (alimentaire, en termes de santé, où on n’est pas menacé par la guerre …) mais ce sont des sociétés de mécontents, surtout la France d’ailleurs. Une société qui augmente ses moyens mais qui perd le sens de ses buts. Il y a donc plus que jamais urgence à « espérer pour tous » pour reprendre le titre d’un petit livre du théologien suisse Urs von Balthazar.
Comment vous en parler ? Ce n’est pas une espérance totalisante ou très sûre d’elle. Il y a quelque chose de modeste, d’humble, dans ces positions. Et cette forme d’espérance me parait être une réponse assez adaptée à la situation actuelle. D’autant plus qu’elle se développe dans des situations bien souvent de souffrance. Cette espérance ne nie pas la souffrance, elle l’accompagne et elle l’éclaire. Quel sera l’avenir à long terme pour les personnes dont vous parlez ? On aurait du mal à le dire souvent et cette incertitude rejoint une situation partagée par la majorité de nos contemporains. Mais le fait de tenir (« je ne fuirai pas ») est une façon de croire qu’un avenir est possible. Espérer, c’est donc contribuer à laisser l’avenir ouvert.
Il me semble que ce qui nous fait tenir, c’est la foi dans une promesse. Ce n’est pas tellement une promesse qui se réalise dans l’au-delà, un au-delà qui nous consolerait d’une vie de souffrance. Mais c’est l’expression de la foi que toute vie a du sens, qu’elle est précieuse. C’est l’espérance qu’elle pourra être un jour heureuse. C’est la foi que le « heureux » des béatitudes s’adresse à chaque homme, chaque femme, chaque enfant. Il y a dans cette espérance à la fois une attente et une représentation de l’avenir. L’attente ne sera terminée que quand cet « heureux » aura atteint le dernier, à tous les sens du terme, dans le temps, dans l’espace, dans les hiérarchies sociales. Et c’est, à mon avis, quelque chose de modeste, certes, mais de très important dans une société qui a tendance à voir l’avenir comme une menace.
Relié à ce point, vous parlez sous des formes diverses de lutter contre la solitude et l’enfermement. C’est aussi, bien sûr, un des grands défis de la société d’aujourd’hui. Tisser des liens qui soient des liens de respect, de fraternité, de reconnaissance. Et beaucoup relient ce qu’elles vivent en termes de relations avec ceux que l’on oublie dans ce monde.