Christine : Avec Médecins du Monde

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Christine assure des consultations de médecine générale trois fois par semaine dans l’Association « Médecins du Monde », depuis 2018.

Nous rencontrons surtout des migrants, le plus souvent des jeunes gens et même des mineurs, parfois des personnes plus âgées. Cette activité est importante pour moi : aider au niveau de la santé des personnes en précarité. « Faciliter l’accès aux soins pour tous », selon un des principes de l’association. Ce n’est sans doute pas le même type de malades qu’au temps de Marie de la Providence mais ce sont bien « des malades pauvres ». La précarité est multiple : alimentation, hygiène, logement, solitude…

Mes joies 

Il existe une très heureuse collaboration entre nous : travailleurs sociaux, médecins, infirmiers, accueillants, pharmaciens… Nous sommes unis par le même désir de trouver des solutions pour ceux qui viennent nous trouver. Cette collaboration ne résout pas tous les problèmes mais permet parfois de trouver pour tel ou tel des solutions…

Les limites 

  • Au niveau médical : on est limité dans les examens (radiologiques, biologiques) et pour les consultations de spécialistes.
  • Difficulté aussi de la langue, et le recours à un interprète au téléphone ne permet pas toujours de se comprendre (exemple de langues parlées : bulgare, pachtou ou dari en Afghanistan, arabe syrien, kurde, albanais…).

Les questions que cela me pose 

  • L’exil, le parcours à travers de multiples pays, l’insécurité, l’incertitude par rapport aux besoins élémentaires… tout cela affecte la santé. Et très souvent, d’où qu’ils viennent, les migrants expriment les mêmes plaintes. Comment entendre et traiter au mieux ce « mal être », sachant que le voyage n’est pas fini ?
  • Bien des migrants africains passés par la Lybie ont été victimes de violences, de tortures. Les centres psychologiques publics sont souvent débordés ou proposent des rendez-vous très tardifs. Comment prendre en compte cette réalité et aider ceux pour qui le traumatisme est encore agissant ?
  • Même pour les francophones, il est une façon d’exprimer la maladie qui n’est pas la même que celle des Français. Le travail médical au Tchad m’avait déjà fait prendre conscience de cela. Il n’y a pas qu’une question de langue mais de représentation de la santé, de la maladie, du corps… Comment progresser dans cette prise en compte de la dimension culturelle dans la perception, l’expression de la maladie ?