Martine est passionnée par son métier de documentaliste en établissement scolaire, qu’elle exerce depuis de nombreuses années.
Je travaille comme documentaliste, au collège et lycée Charles Péguy à Paris, fondé par la communauté Saint François Xavier en 1941. J’y découvre une tradition éducative riche et originale qui cherche à donner à chaque intelligence des chemins pour grandir. Le CDI (Centre de Documentation et d’Information) est un espace de lecture et d’apprentissage différent d’une classe, que les élèves aiment bien fréquenter en général. Je les reçois sur leur temps libre, pendant les récréations et la pause de midi ou dans le cadre d’un cours ou d’une animation culturelle. Mon travail se décline en trois axes.
Je participe à la formation des élèves aux médias et à l’information. À cet effet, je peux intervenir seule auprès des élèves dans des activités pédagogiques sur les bons et mauvais usages d’Internet, le fonctionnement de la presse et le traitement de l’information journalistique ou avec des enseignants lors d’une recherche documentaire pour des apprentissages sur l’identification et l’évaluation d’une source d’information, la notion de propriété intellectuelle etc. Devant le rythme et le foisonnement des informations qui nous sont accessibles en permanence et à l’heure du zapping superficiel et de la dispersion, il y a pour moi un enjeu à aider les jeunes facilement fascinés par les écrans, à réfléchir sur la qualité d’une information, à aller au bout d’une question, à développer leur esprit critique face aux sources de connaissances. C’est une manière de leur transmettre le goût de la vérité qui participe d’une éducation citoyenne.
Par ailleurs, responsable de la gestion et de l’enrichissement du fonds documentaire, je veille à la diversité des ressources pédagogiques et éducatives mises à la disposition de l’établissement. J’aime aussi cet aspect du travail, plus solitaire, qui suppose un suivi de l’actualité éditoriale pour répondre de manière pertinente aux besoins des élèves et des enseignants et un traitement rigoureux des acquisitions pour en faciliter l’accès.
Enfin, le CDI étant un espace de culture et d’ouverture de l’école sur son environnement, je publie deux fois par mois un bulletin numérique sur l’actualité culturelle et pédagogique, destiné à l’équipe éducative. Dans un contexte agité et perpétuellement connecté, j’encourage aussi la lecture comme un moyen d’éveiller et de nourrir la vie intérieure des jeunes. Certains élèves viennent sur le temps du déjeuner, lire des bandes dessinées, des mangas, des légendes, des romans. J’ai parfois la joie de contempler des visages apaisés, dans la communion d’un silence habité de créatures et d’univers propices à la rêverie. D’autres élèves participent aux diverses animations (prix littéraires, clubs lecture, prêts-surprise à Noël, « jeu de cartes des 1001 contes » etc.) organisées en lien avec des collègues, la bibliothèque et la librairie du quartier. Ces activités donnent lieu à des espaces de parole où les élèves partagent ce qu’ils ont lu et à des ateliers d’écriture qui permettent d’explorer au-dedans de soi une mémoire riche d’émotion, une sensibilité fine, des ressources langagières insoupçonnées. Je me souviens en particulier de la qualité de certains travaux d’élèves, par ailleurs timides ou perturbateurs en classe. Autant de propositions qui, lorsqu’elles convoquent la créativité des jeunes, révèlent leur capacité d’intériorité !
J’ai ainsi beaucoup de joie à rejoindre des jeunes d’horizons divers, à travers des propositions qui sont au service de leur croissance. Un compagnonnage qui fait sens dans ma vie auxiliatrice et pour lequel je rends grâce !