Mystère pascal et traversée des épreuves

Traversée

Titre provocateur ? Comme s’il allait de soi qu’une épreuve se traverse et aboutisse à un état meilleur. Il est clair pourtant que tout le monde ne traverse pas indemne les épreuves souvent démesurées de l’existence. Il est fréquent et souvent long d’errer dans les régions marécageuses, parfois glaçantes, toujours inhospitalières de l’épreuve. Faut-il ici rappeler les innombrables morts en Méditerranée ces dernières années, causés par un désir peut-être fou, mais irrésistible, d’une vie meilleure. Et que dire de ces très grands handicapés physiques ou mentaux pour lesquels la société peine à trouver des supports qui rendrait leur vie ou celle de leurs familles moins amères. […]

Pour les chrétiens que nous sommes, celui qui ultimement traverse l’épreuve c’est le Christ, nouveau Moïse, relevé de la mort par la puissance de vie de Celui que nous osons avec lui nommer Père : « unique nom donné aux hommes par lequel ils puissent être sauvés » (Actes 4, 12).

Quelle épreuve traverse-t-il ? Bien sûr celle de la mort injuste, prématurée, violente qui le fait frère de tous les écrasés du monde mais aussi les épreuves plus banales de l’incompréhension familiale ou de celle des voisins de Nazareth, de tel ou tel futur disciple peu disposé à faire confiance à un homme « sans beauté ni éclat » (Isaïe 53,2), de ceux qui se demandent s’il est bien raisonnable de le suivre, de ceux qui constamment le mettent à l’épreuve de leur science ou de leur mépris.

Dire qu’il a traversé la mort qu’est-ce dire ? Mystère d’une présence qui, après avoir été effacée de la terre, laissant le désarroi total saisir les siens, se manifeste, sans se laisser saisir, mais reconnue au cœur brûlant, à la fraction et au partage du pain, au goût de vivre revenu et au courage de partir sur les routes de Galilée et d’ailleurs pour partager l’espoir d’un monde enfin réconcilié. Monde où Dieu ouvre grand les portes aux noces de son Fils pour peu que l’on accepte l’invitation.

Mettre sa foi en lui c’est, au quotidien, dans les petites et grandes épreuves, se fier au seul repère qui tienne et au seul horizon qui vaille, jusqu’au moment ultime où seront essuyées toutes les larmes de l’humanité enfin revenue de « la grande épreuve » (Ap. 7,14).

D’ici là que faire ? Sinon veiller et s’entraider pour avancer ensemble, malgré et au cœur des épreuves, qu’elles soient modestes, ou vraiment trop lourdes, demandant l’aide de Dieu les uns pour les autres, dans la gratitude des bonheurs reçus et du pain quotidien.

Extraits d’une méditation de Marie-Claude
à retrouver dans la Brochure « Auxiliatrices 2024 », pages 24-27