Calais, échos des conflits du monde entier

Calais-Croix

Agnès est engagée auprès des exilés à Calais.

La majorité des exilés qui arrivent à l’accueil du Secours Catholique fuient des situations de conflits et cherchent à partir en Angleterre : Soudanais de plus en plus nombreux, vu la situation très dramatique du pays, Syriens, Irakiens, Iraniens, Afghans… Peu demandent l’asile en France car ils ont mis leurs empreintes dans d’autres pays, et s’ils demandent l’asile en France, ils risquent d’être renvoyés dans ces pays. Beaucoup parlent anglais.

Ces dernières semaines ont été marquées par le ramadan. En effet la plupart de ces exilés que nous accueillons vient de pays à majorité musulmane. Nous y avons été attentifs en leur proposant des barquettes de nourriture, du pain à emporter pour le repas du soir. Nous avons fêté avec eux la fin du ramadan avec des distributions de dattes, de gâteaux, et une ambiance musicale…

Mais ces derniers mois nous avons encore déploré des naufragés, des noyades en mer… dont une petite fille. Il faut dire très fort que la situation à Calais reste insupportable, inhumaine : les violations des droits humains sont quotidiennes, beaucoup de violences policières, d’expulsions des lieux de vie avec pertes de leurs affaires, des tentes, contrôle renforcé de la frontière… Et de plus il y a eu une désorganisation dans la distribution de la nourriture, des vêtements, des couvertures. Des cailloux sont mis partout où ils pourraient s’installer. Le désir est de les rendre invisibles… Nous n’avons pas obtenu d’hébergements alors qu’il faisait très froid, beaucoup de vent, des pluies diluviennes. Les migrants étaient dehors, ils arrivaient au Secours Catholique trempés. Les associations dénoncent ces situations publiquement et les contestent juridiquement de manière régulière. De ce fait les exilés cherchent à partir en Angleterre en prenant des risques, poussés par les passeurs. À l’accueil du Secours Catholique, beaucoup d’informations leur sont données afin d’éviter tous ces risques. Il y a aussi des permanences juridiques.


Beaucoup de dialogues avec les exilés m’ont spécialement touchée…

Un Soudanais m’a raconté son parcours. Il faut savoir que ce qui se passe au Soudan en ce moment, peu relayé par la presse, est terrible : beaucoup de morts, de violences envers les femmes. Il a été 7 heures en mer méditerranée, il a traversé le désert avec tous les risques que cela représente, est passé au Maroc, enfin en Italie et en France. Sa famille est dispersée, certains sont au Tchad. Il me montre des photos ; grâce au téléphone, il reste un peu en contact avec eux…

Un Iranien chrétien m’explique qu’il a dû fuir son pays à cause de sa foi . Il dessine une croix, elle est cassée, il me dit que cela évoque pour lui les souffrances de Jésus. Je l’invite à voir la Cimade pour voir sa situation administrative. Est-il bon qu’il demande l’asile en France ?

Nous avons accueilli un soir à la communauté une famille qui était à la rue, une femme syrienne et ses deux enfants (8 ans et 10 ans). Nous avons échangé avec la femme grâce au téléphone, nous savons qu’elle cherche à partir en Angleterre avec ses enfants. Elle est en contact avec un passeur. Le soir, nous nous séparons, et le lendemain matin, je m’aperçois qu’ils sont tous partis, je n’ai rien entendu. Le passeur a dû les appeler pour partir avec leur groupe… C’est un choc, mais j’espère qu’ils sont bien passés ! Voilà à quoi ils sont réduits. Je pense aux enfants en pleine nuit sur la Manche !

Calais
Notre communauté avec un jeune que nous avons accompagné et qui est maintenant en étude.

Nous avons eu un forum sur le thème : conflits et résistances. Des chercheurs, des journalistes sont venus Cela nous a permis d’avoir des informations notamment sur ce qui se passe au Soudan grâce à une militante soudanaise, car les journalistes ne peuvent pas aller au Soudan. Des femmes militantes ont participé, nous voyons que les femmes subissent beaucoup d’agressions mais sont aussi très engagées, comme les femmes du Kurdistan…