Petites et grandes surprises en EHPAD…

Solange G

Les Auxiliatrices sont réparties dans tous les bâtiments de cette grande maison des Augustines à Versailles, au milieu des autres résidents. Solange, l’une d’elle nous partage quelques surprenantes rencontres…

Fin 2021 arriva dans la chambre en face de la mienne une personne prénommée Mayalène[1]. J’avais connu dans mon enfance en Tunisie une enfant ainsi prénommée. Nos villas étaient en diagonale. Notre voisine de gauche dont la villa était mitoyenne avec celle de sa famille voyait souvent cette petite Mayalène jouer au jardin. Elle avait 4 ans, moi 10. Quand j’ai vu ce prénom sur la porte j’ai pensé : ce n’est sûrement pas la seule personne à porter ce prénom ! Lui ayant rendu visite, elle m’apparut pas mal diminuée mentalement. La fois suivante je me suis présentée, parlant de la Tunisie et là, tout à fait consciente, elle me donna son nom civil, me parla de cette villa en Tunisie, avec force détails qui correspondaient tout à fait avec ce que j’avais connu… Vous dire ma stupeur est impossible !! Alors que nous sommes 180 résidents dans cette maison, que ce soit juste cette personne connue dans mon enfance qui se trouve être ma voisine la plus proche… j’y ai vraiment vu un signe de la Providence. De fait, les mois suivants l’ont confirmé. Un monsieur qui avait travaillé avec elle – comme chef d’entreprise et elle, secrétaire de direction, ce que j’ai découvert dans les mois suivants – désira venir chez moi pour me parler d’elle, disant combien sa santé s’était détériorée mais toute l’estime qu’il avait pour elle et les liens qu’il avait gardés avec sa cousine qui a un poste éminent dans la culture intellectuelle française ; cette personne ayant son mari très malade ne pouvait venir dans l’immédiat.
La santé de Mayalène se dégradait de mois en mois. J’allais la voir de temps en temps. Progressivement elle ne quitta plus le lit. Sa cousine et une amie de Mayalène me contactèrent pour s’assurer qu’elle avait les secours spirituels correspondant à sa foi chrétienne. Mayalène partit tout doucement vers le Seigneur moins d’un an après son arrivée dans la maison. Sa cousine vit partir son mari à peu près à la même période. Elle voulait que j’assiste à la messe de funérailles de Mayalène, offrant de venir me chercher en voiture, ce qui fut impossible car j’ai besoin d’un déambulateur. Elle vint me voir pour me parler de Mayalène, de sa vie, me faire voir des photos de leur enfance, montrant combien elle était grande l’affection qui les unissait. Je suis toujours en relation avec eux.
Chère Mayalène, je t’ai finalement peu connue mais les maillons qui se sont unis entre nous sont relativement très forts et surprenants… entre ciel et terre… !

Voici bientôt un an qu’une nouvelle surprise m’attendait. Est arrivée sur notre palier, presqu’en face de ma chambre, une dame que je suis allée saluer en tant que voisine. Elle avait chez elle deux de ses filles. Je voulus faire demi-tour mais celle de ses filles qui ouvrit la porte m’invita vivement à entrer, ainsi que la nouvelle résidente. M’étant présentée, « Vous êtes une Auxiliatrice ? dit-elle, je suis la plus jeune sœur de Geneviève Richard (Mère Marie-Alfred). Vous l’avez connue comme maîtresse des novices ? J’espère, reprit-elle, que vous n’en avez pas gardé un mauvais souvenir ? Il y a aussi ici une sœur de Saint Jean, dans la communauté, qui est ma petite fille ! Je me retrouve ici tout à fait en famille ! » dit-elle. Cette dame vient de fêter ses 100 ans en juin dernier. Pour une surprise c’en était une !


[1] Prénom changé