Lors d’une rencontre, quelques sœurs se sont trouvées à échanger spontanément sur le thème de la violence, une préoccupation forte dans notre monde. Elles nous en partagent quelques mots… et nous appellent à les rejoindre pour penser ces questions et chercher des horizons d’espérance.
Isabelle : Violences relationnelles qui viennent se dire dans mon cabinet de psychanalyste, violences dans la rue, dans la vie politique, sur la scène nationale et internationale… Violences dans les mots, les gestes, les attitudes… Ou pour le dire autrement, la question du mal dans notre société et les conséquences pour chacun de nous individuellement et ensemble. Je suis effarée par la place des réseaux sociaux et ce qu’ils colportent comme haine, fake news et discriminations en tous genres. Où est la régulation de tout cela ? La question du mal est énorme et a toujours traversé les sociétés, mais ce que je vis, aujourd’hui à travers l’écoute, notamment des « crimes » en Église ne me laissent pas en paix. Comment ne pas me laisser détruire ? L’espérance en la vie est là confrontée de plein fouet.
Céline : Cette question de la violence ne semble parfois plus avoir de limites dans nos sociétés. Pour moi, elle se pose particulièrement pour l’école : comment éduquer au vivre ensemble dans une société où l’on voit tant de violence ? Je suis aussi particulièrement travaillée par la question des réseaux sociaux. D’un autre côté je suis quotidiennement au contact de jeunes qui sont débordants de vie, qui font des projets, qui se lancent dans des aventures un peu folles et qui désirent un autre monde plus respectueux de la Création. J’ai été frappée cette année par la phrase de l’Évangile : « La puissance de la Mort ne l’emportera pas sur elle » (Mt 16,18), où Jésus parle de l’Église, mais que l’on peut étendre à la Création. Oui, la puissance de la Mort ne l’emportera pas, je le crois, mais alors ? Comment tenir l’espérance, tenir la vie plus forte que la mort ?
Quelques signes d’espérance : aux JMJ, 1 million de jeunes du monde entier s’ouvrent sur l’universalité de l’Église et à une fraternité possible, cet autre du bout du monde est mon frère. Voir aussi le film Bigger than us (Plus grand que nous, https://biggerthanus.film/), de Flore Vasseur qui a parcouru le monde à la recherche de jeunes qui se lancent d’immenses défis pour la justice environnementale, le droit des femmes, l’éducation et l’accueil des réfugiés, la liberté d’expression… et qui changent le monde autour d’eux.

Sylvie : Lorsque je vois la maladie et la diminution physique et psychique des femmes et hommes de mon entourage, la violence, le Mal, bref la mort envahir le monde mais également mon être, je suis confrontée à des tonnes de questions : Comment y remédier ? Comment aider la Vie à vivre ?
J’avoue que souvent les bras m’en tombent de désespoir et que je peux facilement me laisser « détruire » par ces forces du Mal. Et les petits pas que font tant de personnes de bonne volonté autour de moi, les gouttes d’eau qui remplissent l’océan de bonté, la mort du Christ en croix ne m’aident pas toujours à avancer… Et pourtant j’y crois à ce samedi saint, à cet entre-deux à traverser, à ces hommes et femmes qui « créent » de la vie à travers le mal qui nous entoure !
Anne-Laurence : Je suis aussi consternée par l’état de notre planète et je suis effrayée par les catastrophes « naturelles », tremblements de terre, inondations, typhons, éboulements de terrain, incendies gigantesques, avec leurs milliers de victimes !
Souvent je crie : « Seigneur Jésus, quand vas-tu revenir ? ». Souvent aussi je crie : « Seigneur, que veux-tu que je fasse ? » Comme toute réponse, j’ai le sourire du Christ en croix de Xavier et je murmure : « Seigneur, comment as-tu vaincu la violence des hommes contre toi en aimant jusqu’au bout ? Quelle folie de croire en l’homme jusqu’à te remettre entre ses mains ! »
Oui, la foi de Dieu en l’Homme me sidère mais je crois que c’est cette foi qui me met debout et qui me donne force pour tenir, pour « chercher des chemins pour l’espérance ».


Ce n’est pas toute seule, c’est avec d’autres que nous cherchons ces chemins d’espérance, en claudiquant parfois, dans le brouillard peut-être, mais c’est en faisant de petits pas que nous avançons et qu’il nous est donné de voir sur la route des petits signes lumineux.