Mon expérience professionnelle en tant qu’assistante sociale, au Rwanda comme en France, se situe auprès des personnes en situation d’exclusion et de précarité.
Dès mon enfance, ma mère m’a ouverte à la réalité concrète de la vie, avec sa pauvreté, ses injustices. Elle m’a éveillée au prendre soin, au service, à l’attention, au partage près des voisins, en le vivant dans un combat quotidien et la joie de donner et de recevoir.
« J’ai vu la misère de mon peuple,
j’ai entendu son cri et je connais ses angoisses »
(Exode 3,7).
Je travaille au sein d’une association de lutte contre l’exclusion qui contribue à l’hébergement, aux soins et à l’insertion professionnelle. Le centre où je suis actuellement est une structure qui offre une prise en charge d’hébergement aux personnes sans papiers, sans domicile, présentant des problèmes de santé. Les femmes et les hommes que je rencontre et accompagne au quotidien sont en marge de la société parce qu’ils viennent de la rue, de la drogue, des hôpitaux et de prison. Ils sont originaires de différents pays (25 nationalités) et n’ont pas pu s’intégrer comme tout le monde, faute de santé, de soins, de travail, de liens sociaux ou parce qu’ils ont un lourd handicap social, physique et/ou psychique.
La rencontre et l’accompagnement de ces personnes en situation d’exclusion, de précarité et de handicap m’apprend l’importance d’être là pour défendre la vie : c’est un combat social pour la dignité humaine, pour remettre l’homme debout, pour la justice.
C’est aussi un combat spirituel, vécu dans la persévérance, le discernement et la résistance, dans les doutes et les questions, dans la foi et la confiance en ce Dieu qui nous appelle à être au service de la vie. Je suis appelée à découvrir en eux le Christ, à devenir la porte-parole de leurs intérêts, à les écouter, les comprendre et recevoir la mystérieuse sagesse que Dieu veut communiquer à travers eux. C’est tout le mystère de l’incarnation et le mystère pascal qui traversent ma mission, mon expérience d’accompagnement, car être avec eux et se battre pour eux pour une vie plus digne et vivable dans le respect de leur humanité et de leurs droits c’est être témoin de ce qui est ténèbres et lumières dans l’histoire de chacun.