Dans le cadre du pôle d’études et de recherche islamo-chrétiennes de Marseille, deux auxiliatrices ont participé à un voyage à la rencontre de communautés chrétiennes vivant dans la maison de l’Islam au Maroc. Voilà quelques-unes de leurs découvertes et impressions.
À Rabat, nous avons découvert la cathédrale catholique et une assemblée majoritairement composée de jeunes sub-sahariens, mêlés à quelques occidentaux, à l’image de l’équipe des prêtres au service des catholiques au Maroc. Une magnifique chorale de jeunes soutient la prière.


À Fès, un guide, du nom d’Elkabbach (nom juif séfarade), nous a introduits avec grande finesse à l’histoire du Maroc, nous faisant découvrir une génération de rois qui ont fait le choix d’un Islam ouvert aux autres religions. Ainsi, pendant la seconde guerre mondiale, alors que le Maroc était sous protectorat français, le gouvernement de Vichy a voulu obliger le sultan Sidi Mohammed ben Youssef (futur roi Mohammed V) à appliquer les lois antisémites en cours. Il s’y est refusé, déclarant qu’il n’y avait que des marocains au Maroc, qu’il ne connaissait pas de juifs.
Nous sommes passés devant la maison où Charles de Foucault a bénéficié de l’hospitalité juive, alors qu’il avait entrepris de cartographier le pays, en taisant ses origines chrétiennes.
À Midelt, petite ville située au pied de la chaîne du moyen atlas, nous avons visité le monastère cistercien Notre Dame de l’Atlas qui était auparavant à Tibhirine en Algérie (où 7 moines ont été enlevés puis assassinés en 1996 – cf. film « Des hommes et des dieux » de Xavier Beauvois, sorti en 2010). Nous avons découvert que la communauté, dont aucun frère n’est marocain, avait noué des relations fortes avec le voisinage, en acceptant de participer à des fêtes et d’inviter eux-mêmes pour certains évènements.

À Tattiouine, petit village situé à une demi-heure de Midelt, nous avons rencontré un couple et sa famille qui ont été conquis par la longue présence des sœurs franciscaines de Marie dans leur village. Alors que les sœurs ont dû partir, la famille continue avec d’autres d’assurer le soutien scolaire des enfants et de permettre la venue d’un personnel médical bénévole, en entretenant le dispensaire.
À Meknès, la rencontre avec une communauté de franciscains, composée de deux Italiens et d’un Philippin, nous a permis de mieux comprendre l’esprit de gratuité que demande le fait d’aider les Marocains. Leur charité sans calcul a touché une voisine musulmane, qui a son tour s’est mis à venir en aide aux enfants de la rue, à des femmes prostituées et à d’autres personnes en détresse. Les franciscains l’ont aidé à créer une association qui permet une aide plus discernée.
L’Église au Maroc est composée d’environ 30 000 catholiques de 100 nationalités différentes, une Église minuscule mais qui fait signe par son engagement pour la paix dans le dialogue inter-religieux et la solidarité avec les plus pauvres. Lors de la visite du pape François à Rabat en 2021, lui et le roi Mohammed VI ont invité le peuple marocain à dépasser la simple tolérance afin de prendre les moyens de se connaître, se faire du bien, d’entrer dans un respect, une estime, une amitié.

Au Maroc, nous étions des étrangères et en même temps nous nous sommes senties accueillies comme une bonne épice parmi d’autres. Cette hospitalité est source d’espérance en la capacité humaine de s’accueillir mutuellement avec nos différences. À nous aussi de le vivre en France vis-à-vis de nos frères et sœurs d’autres cultures et d’autres religions.
Emmanuelle et Marie-Odile